Actus formation
12/12/2025

Fermeture annoncée de l’ANDPC : comprendre les enjeux pour votre formation continue

Veille légale et réglementaire

La disparition programmée de l’Agence nationale du Développement Professionnel Continu (ANDPC) ne relève plus de la rumeur : une annonce faite aux représentants du personnel le 19 novembre, un courrier de la Direction Générale de l’Offre de Soins (DGOS) daté du 26 novembre 2025 a confirmé la mise en place d'une administration provisoire.

Les signaux annonciateurs s’accumulaient depuis des mois : rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) en mars 2025, consumation rapide des budgets 2025, amendements parlementaires et enquêtes sénatoriales en faveur d’une rationalisation des agences. Désormais, la question n’est plus « si », mais « comment » et « avec quelles conséquences ».

Ce que l’on sait officiellement

  • Calendrier confirmé : L’arbitrage ministériel prévoit le départ de l'actuelle Directrice Générale, Michèle Lenoir-Salfati, le 11 janvier 2026. Dès le lendemain, un administrateur provisoire prendra ses fonctions. Sa lettre de mission est claire : gérer les affaires courantes et « préfigurer le dispositif qui prendra le relais ».
  • Une "transformation" aux allures de liquidation : Bien que l'administration utilise le terme de « transformation », le Comité Social d'Administration (CSA) de l'ANDPC dénonce une décision brutale, sans stratégie écrite formelle, et pointe l'intervention de la DITP (Direction Interministérielle de la Transformation Publique), bras armé de l'État pour les restructurations lourdes.
  • Répartition des missions : le scénario majoritaire transfère le volet scientifique du DPC à la Haute Autorité de santé (HAS), tandis que la partie financière serait confiée à France Compétences ou à un autre opérateur . La Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) soutient cette répartition .
  • Financement sécurisé en 2026 : le Comité social d’administration (CSA) de l’ANDPC et la FNO (Fédération Nationale des Orthophonistes) soulignent que le financement du DPC est garanti pour toute l’année 2026 . Les droits existants (21 heures de formation et indemnisation) sont donc préservés jusqu’au 31 décembre 2026, ce qui permet aux professionnels de santé de planifier leur formation sans crainte immédiate.

Pourquoi cette disparition brutale ?

Trois facteurs majeurs expliquent cette reprise en main par l'État :

  1. Le rapport de l’IGAS (Mars 2025) : Ce rapport critique a pointé l'incapacité de l'ANDPC à généraliser le DPC et des faiblesses dans le contrôle financier.
  2. L'arrivée de la Certification Périodique : C'est la raison structurelle. L'État souhaite fusionner l'obligation de formation continue (DPC) avec la nouvelle obligation de Certification Périodique (obligatoire tous les 6 ans). L'objectif est de rationaliser les structures : une seule autorité (la HAS) pour valider les compétences.
  3. L'explosion des budgets : Avec 85 % du budget des kinésithérapeutes consommé dès août 2025, le système actuel est jugé insoutenable par Bercy.

Toutefois, pour les représentants du personnel, cette « transformation » ressemble davantage à une suppression pure et simple sans stratégie claire.

Dans une lettre incisive du 3 décembre 2025, le CSA de l’ANDPC dénonce une décision « dénuée de stratégie et purement politique » et reproche à la Direction Générale de l’Offre de Soins (DGOS) de ne fournir ni calendrier clair ni lettre de mission pour l’administrateur provisoire. Les agents demandent des garanties sur leur avenir et dénoncent une « maltraitance institutionnelle » liée à l’incertitude.

Impacts pour votre DPC en 2026

1. Vos droits restent inchangés… pour un an

Les crédits DPC 2026 sont maintenus : chaque professionnel dispose de 21 heures de formation financées et d’une enveloppe d’indemnisation. Les inscriptions pour l’année 2026 ont ouvert le 10 décembre 2025 et se font via l’espace professionnel de l’ANDPC .

Le dispositif reste une obligation légale en 2026 pour toutes les professions de santé, y compris les infirmières et sages‑femmes .

2. Fin de l’indemnisation du e‑learning et nouvelles règles de prise en charge

L’une des évolutions majeures annoncées pour 2026 est la suppression totale de l’indemnisation des formations continues en distanciel .

Les actions d’évaluation des pratiques professionnelles (EPP) et de gestion des risques (GDR) réalisées en distanciel ne seront plus indemnisées qu’à 50 % de leur montant habituel (22,50 €/h) .

Les formations en présentiel conservent leur prise en charge intégrale, alors que les classes virtuelles seront remboursées à 80 % et les unités non présentielles à 50 % . Pour les organismes de formation, les survalorisations des EPP passent de 130 % à 120 % .

En bref :

  • 100% E-learning : Suppression totale de l'indemnisation pour perte de revenus (seuls les frais pédagogiques restent pris en charge).
  • Classe virtuelle : Indemnisation réduite à 80 %.
  • Présentiel : Maintien de l'indemnisation à 100 %.
  • Programmes Mixtes : Les unités non présentielles ne seront indemnisées qu'à 50 %.

3. Risque de dilution des fonds

Selon Les Libéraux de Santé (LDS), le transfert de la gestion financière vers des opérateurs généralistes comme France Compétences fait craindre une dilution des crédits alloués à la formation continue, soit 250 millions d’euros prévus dans le PLFSS 2026.

Pour sécuriser les enveloppes, les syndicats demandent que la gestion soit confiée à des structures spécialisées – FIF‑PL et FAF‑PM – qui connaissent les besoins des professions libérales et peuvent éviter une année blanche.

Quels enjeux pour 2027 ?

La fermeture de l’ANDPC n’implique pas la fin du développement professionnel continu.

Le gouvernement souhaite mettre en place, à partir de 2027, une certification périodique plus lisible et intégrée, gérée par la HAS. Toutefois, les modalités restent à définir, et la concertation avec les syndicats doit débuter dans les prochaines semaines .

Les inquiétudes sont nombreuses :

  • quelle gouvernance pour les budgets ?
  • comment articuler certification et formation continue ?
  • quels organismes seront agréés pour délivrer les programmes ?

Le flou actuel incite à une vigilance accrue et à une mobilisation des acteurs de la formation.

Que faire dès maintenant ?

  • Profiter de vos droits 2026. Inscrivez‑vous rapidement pour sécuriser vos 21 heures de formation et bénéficier d’une indemnisation optimale. Priorisez les formations en présentiel pour maximiser la prise en charge financière.
  • Anticiper la transition. L’arrêt de l’indemnisation du e‑learning oblige à repenser vos modalités de formation. Adaptez votre calendrier pour inclure davantage de sessions présentielles ou hybrides et suivez de près les communications officielles.
  • Soutenir les structures spécialisées. Les demandes pour confier la gestion financière du DPC aux fonds professionnels (FIF‑PL et FAF‑PM) visent à préserver des budgets dédiés et à éviter la dispersion. Relayer ces positions auprès de vos organisations professionnelles contribue à peser dans les discussions.
  • Se préparer à la certification périodique. Même si les contours restent flous, l’objectif est de rapprocher la formation continue d’une validation régulière des compétences. Faites de 2026 une année d’acquisition et de consolidation pour aborder sereinement la suite.

Conclusion : une année charnière à ne pas manquer

La fermeture annoncée de l’ANDPC ouvre une phase de transition inédite.

D’un côté, les pouvoirs publics cherchent à rationaliser la formation continue en l’intégrant au dispositif de certification périodique.

De l’autre, les professionnels redoutent la dilution des budgets et la perte d’un interlocuteur dédié.

Dans ce contexte, 2026 est à la fois la dernière année du système actuel et une opportunité : celle de renforcer vos compétences, de défendre un financement ciblé et de préparer l’avenir.

Sources : Lettre du Comité Social d'Administration (CSA) de l’ANDPC du 03/12/2025, en réponse au courrier de la DGOS du 26/11/2025.Communiqués de presse "Les Libéraux de Santé" et rapport IGAS de mars 2025 sur la régulation du DPC.

Rédigé par
Benoît Favard
le
12/12/2025

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