Actus formation
21/11/2025

Des transformations pour les OPCO ? Décryptage du rapport de l’IGAS

Veille légale et réglementaire

L’IGAS a publié son rapport sur le contrôle des onze OPCO en novembre 2025.

Intitulé « Contrôle de l’efficience comparée des onze opérateurs de compétences », il pose un diagnostic sans concession. Les opérateurs de compétences (OPCO) ont globalement répondu à leurs missions, mais le coût de fonctionnement est jugé élevé et hétérogène.

Autrement dit : le modèle actuel atteint ses limites. Il faut revoir structure, gouvernance, process pour garantir la soutenabilité.Pour les organismes de formation et les CFA, les règles du jeu vont bouger. Et vite.

Résumons : quel est ce rapport, et que dit-il concrètement ?

Le contrôle de l’IGAS (Inspection générale des affaires sociales) sur les OPCO a porté sur le suivi des objectifs fixés dans les COM (Convention d’Objectifs et de Moyen).

Globalement, les OPCO ont su se conformer aux objectifs fixés dans les COM 2023-2025 et ont répondu à leurs missions : conseil aux entreprises, développement de l’apprentissage, digitalisation.

Mais cela à un coût jugé trop élevé, et pour une efficacité pas toujours optimale.

Le rapport fait donc part des résultats du contrôle, puis formule des recommandations. L’objectif : réduire les dépenses liées aux postes jugés trop coûteux, rationaliser ces coûts et proposer une solution alternative aux fonctionnements actuels.

Les constats majeurs : des coûts de fonctionnement élevés

Les OPCO sont passés de  ~5 495 ETP en 2020 à ~6 260 en 2024. Leurs frais de fonctionnement ont augmenté de 18,5%.

Le rapport met aussi en lumière le coût de gestion des contrats d’apprentissage : le coût médian est de 174 €, allant jusque 200 € par contrat. Un coût jugé élevé, car des dispositifs similaires gérés notamment par l’ASP ne tournent qu’autour de 42 à 57 € par contrat.

Les systèmes d’information (SI) et le patrimoine immobilier des OPCO sont aussi des postes de dépenses importants, jugés même “disproportionnés” concernant le patrimoine immobilier, qui coûtait 44 M € en 2023.

Globalement, les coûts de fonctionnement des OPCO sont jugés trop élevés. Des économies pourraient être faites pour mieux allouer les ressources et éviter des dépenses inefficientes.

Les objectifs des recommandations

En réponse à ces constats, le rapport porte plusieurs recommandations avec 3 objectifs en fil rouge :

  • Favoriser l’harmonisation et la mutualisation. Au sein de chaque OPCO mais aussi entre OPCO, on manque actuellement d’homogénéité. C'est la source d’inefficiences et iniquités constatées et souvent décolorées par les OF et CFA.
  • Préserver les missions coeur de métier à destination des entreprises. Le but des mesures d'économie n'est pas de réformer le rôle des OPCO en termes de conseil aux entreprises, qui nécessitent une forte proximité.
  • Respecter la destination prévue par la loi des fonds publics gérés par les OPCO.

C'est dans cet esprit que les recommandations sont formulées.

3 scénarii proposés, dont le retrait de la gestion des contrats d’apprentissage aux OPCO

L’IGAS envisage 3 scénarii pour diminuer les coûts de gestion “sans nuire à la qualité du service rendu aux alternants, aux entreprises et aux CFA”.

  • Convergence-efficience : les coûts unitaires de gestion seraient alignés sur les coûts les plus bas constatés en 2024 parmi les OPCO.
  • Gestion mutualisée : un GIE coordonnerait la gestion des contrats d’apprentissage pour le compte de l’ensemble des OPCO.
  • Transfert à l’ASP : l’ASP serait en charge de gérer les contrats d’apprentissage à la place des OPCO d’ici 2027 (réception des dossiers, contrôles…)

Ce dernier scénario est le préféré. Ses avantages :

  • Division des coûts par 3 à 5 (économie de 100 M €)
  • Guichet unique pour les contrats et les aides employeurs
  • Unification des contrôles et renforcement de la lutte antifraude
  • Règles harmonisées
  • Dépôts centralisés
  • Délais plus stables

Cependant, prendre ce chemin pourrait causer des retards le temps de l’ajustement.

Les autres recommandations du rapport

En addition, le rapport de l’IGAS recommande aussi :

  • Un Vademecum national pour harmoniser les contrôles
  • Un référentiel unique des OF habilités, véritable annuaire
  • Un SI partagé où tous les financeurs auront accès aux signalements, contrôles, suspensions…
  • Une harmonisation des frais annexes, voire un tarif national unique
  • Une migration des OPCO les moins performants vers un SI commun pour harmoniser et rationaliser les ressources
  • Une mutualisation des outils OF/entreprises
  • Une harmonisation des portails
  • Une baisse du niveau de prise en charge des coûts de formation (NPEC) pour certains diplômes, davantage d’implication des branches professionnelles et un ajustement des exonérations sociales.

Comment réagir en tant qu’OF ou CFA ?

Si ces recommandations sont appliquées, les OF et CFA devront se préparer à des transitions systèmes, et des process plus normés. Le parcours administratif (qui valide, qui paye, qui contrôle) sera modifié, certains portails changés.

Il faudra anticiper des changements éventuels d’interlocuteurs, de calendriers, de formats de saisie, et d’habitudes.

Encore plus de rigueur sera nécessaire. Si vous aviez l’habitude d’une marge d’adaptation au niveau local, celle ci pourrait disparaître.

Les indicateurs de performance pourront devenir plus surveillés :

  • Taux d’insertion,
  • Satisfaction,
  • Coût-apprenti…

Pour résumer, vous devrez prouver davantage la valeur ajoutée. Les organismes évalués comme “médiocres” pourront recevoir des pressions comme la remise en cause des contrats ou financements.

La lutte anti-fraude continue d’être un axe majeur, chaque élément doit donc être documenté, tracé, à travers des preuves tangibles.Anticipez une baisse possible des NPEC en vous assurant que votre budget reste viable sous une dynamique plus sévère.

Finalement, on ne s’éloigne pas beaucoup des bonnes pratiques qu’il faut toujours appliquer. Mais comme dans le cadre des contrôles Qualiopi ou GIED2OF, cette rigueur qui devrait déjà faire partie du quotidien devient obligatoire quand la vis se resserre. Seuls ceux qui cherchaient à contourner leur responsabilité à fournir un service de qualité ont du soucis à se faire.

Un plan d’action pour être proactif

Bien que ces recommandations ne reflètent pas encore des évolutions prévues, elles ont de grandes chances d’influencer fortement les prochaines décisions. Pour s’y préparer, 4 étapes :

Faire un audit interne

  • Vérifiez vos documents de gestion d’apprentissage & formation (contrats, émargements, suivi, insertion, satisfaction…)
  • Identifiez les points faibles (absence de suivi, données incomplètes, temps de traitement long…)
  • Calculez le coût par apprenti, le taux d’insertion, le taux d’abandon…

Optimiser les process et les outils

  • Standardisez les documents exigés (émargement, présence, compte-rendu…)
  • Assurez vous de pouvoir produire des indicateurs qualité facilement (satisfaction, insertion, poursuite d’études…)
  • Préparez vous à un nouveau portail ou flux administratif national

Appuyer le positionnement de votre offre et de vos partenariats

  • Revoyez votre catalogue formation/apprentissage : mettez en évidence l’adéquation à la branche, à l’emploi, à la pratique
  • Renforcez les partenariats avec les entreprises et les branches : ils deviendront des leviers clés de légitimité
  • Proposez des niveaux d’entrée, des parcours intégrés, garantis quasi-emploi : les indicateurs d’insertion vont peser

Communiquer !

  • Informez les équipes internes des changements à venir
  • Préparez les responsables pédagogiques/comptabilité à répondre à des audits documentaires
  • Mettez en place un  suivi des indicateurs clés (taux apprentissage vs alternance, taux insertion, coût moyen, délai administratif…) pour anticiper
  • Restez informé des évolutions en cours et à venir (calendrier ASP, modification des COM…)

Pour conclure…

On ne le dira jamais assez : être bien préparé est la clé pour faire face aux transformations constantes de la formation professionnelle.

Et pour ça, ce qui est essentiel, c’est :

  • Rester en veille (par exemple en suivant Septeo Education sur LinkedIn 😉)
  • Utiliser les bons outils pour centraliser et gérer vos process
  • Travailler au quotidien avec la qualité et l’amélioration comme priorités
  • Communiquer au sein de vos équipes pour être sur la même page.

Rédigé par
Axelle Coppin
le
21/11/2025

Articles similaires

Veille légale et règlementaire de la formation professionnelle : récap des actualités 2025
Actus formation
October 9, 2025

Veille légale et règlementaire de la formation professionnelle : récap des actualités 2025

Veille légale et réglementaire
Accessibilité numérique : aller plus loin que la loi
Informations et conseils
October 9, 2025

Accessibilité numérique : aller plus loin que la loi

Veille légale et réglementaire
E-learning
CPF : la nouvelle grille de contrôle qualité 2025
Actus formation
August 19, 2025

CPF : tout savoir sur la nouvelle grille de contrôle qualité 2025

Veille légale et réglementaire
Compte Personnel de Formation (CPF)
Revenir sur le blog
Salut, c'est nous... les Cookies ! 👋 🍪
On a attendu d'être sûrs que le contenu de ce site vous intéresse avant de vous déranger, mais on aimerait bien vous accompagner pendant votre visite... C'est OK pour vous ?
Continuer sans accepter